CHAPITRE VIII
Seymour me conduit à ma voiture et essaie de me suivre sur le chemin du retour à Mayfair. Mais je file à cent soixante kilomètres à l’heure. Il ne se sent pas offensé, je le sais. Je l’ai prévenu que j’étais pressée.
J’arrive à ma résidence en bord de mer. Si je ne l’ai toujours pas décrite, c’est que pour moi une maison est une maison ; je n’en tombe pas amoureuse, comme certains mortels. Elle est bâtie sur une propriété de dix hectares, en haut d’un terrain boisé qui descend depuis le porche jusqu’à la côte rocheuse. L’allée est étroite et sinueuse, en grande partie cachée aux regards. La maison elle-même est faite principalement de briques, dans le style Tudor, inhabituel pour le coin. Il y a deux étages ; au deuxième, on a une large vue sur l’océan et le littoral. Il y a de nombreuses pièces, cheminées et autres, mais je passe la plupart de mon temps dans le salon, malgré les grandes fenêtres que je n’ai toujours pas bouchées. Je n’ai pas besoin de beaucoup d’espace pour être bien, même si depuis le Moyen Age j’ai vécu dans des manoirs et des châteaux. Une caisse ferait mon bonheur. Je dis ça pour plaisanter.
En matière d’ameublement, j’ai des goûts variés.
En ce moment, c’est plutôt le bois : les chaises, les tables, les commodes. Je dors dans un lit, pas dans un cercueil, un grand machin en acajou surmonte d’un baldaquin en dentelle noire. Au fil des siècles, j’ai accumulé des objets d’art, et je possède une vaste et riche collection de tableaux et de sculptures que je garde en Europe, mais rien en Amérique. Je suis passée par des phases où l’art revêtait pour moi une grande importance, mais ce n’est pas le cas en ce moment. Néanmoins, j’ai toujours un piano avec moi où que j’aille. J’en joue presque tous les jours, et avec mon agilité et ma vivacité, je suis le pianiste le plus accompli au monde. Cependant, je compose peu, non pas parce que je ne suis pas créative, mais parce que les mélodies et les chansons que j’écris sont invariablement d’une profonde tristesse. J’ignore la raison ; je ne pense pas être un vampire porté à la mélancolie.
Ce soir, toutefois, je suis un vampire torturé par l’angoisse, et cela fait des siècles que je ne me suis pas sentie dans cet état. Je n’aime pas ça. Je m’empresse d’entrer dans la maison, je me change, puis retourne dare-dare à ma voiture. Je m’inquiète pour Ray. Si c’est bien Yaksha qui est après moi, et je n’ai plus guère de doute à présent, alors il peut essayer de m’atteindre par l’entremise du jeune homme. Cela me paraît être le cours logique des choses, si je me base sur le fait que Yaksha, au départ, a probablement été informé de ma présence par le père de Ray. J’ai désormais dans l’idée que Yaksha n’a pas cessé d’observer mes mouvements depuis ma première visite au bureau de Riley. Mais pourquoi n’est-il pas passé à l’offensive immédiatement, cela, je l’ignore. Peut-être voulait-il d’abord étudier cet ennemi qu’il n’avait pas vu depuis si longtemps, découvrir ses faiblesses. Pourtant, Yaksha, plus que n’importe quel être vivant ou non vivant, sait déjà où je suis vulnérable.
Je suis encore sous le choc de le savoir en vie.
Je roule jusqu’à la maison de Ray et bondis vers la porte d’entrée. Je m’attends presque à ne pas le trouver là, kidnappé par les hommes de Yaksha. Un instant, j’envisage de ne pas sonner et de faire irruption dans la maison. Mais je dois me rappeler que Ray n’est pas comme Seymour, capable d’accepter sans broncher tout ce qui peut arriver. Je frappe à la porte.
A ma grande surprise, c’est Pat qui répond.
La petite amie n’a pas l’air contente de me voir.
— Que fais-tu ici ? me demande-t-elle.
— Je suis venue voir Ray.
Elle a dû l’appeler pendant qu’il était chez moi, en essayant sans doute plusieurs fois. Elle a dû rappeler peu de temps après qu’il fut rentré. Il l’a probablement invitée à passer, histoire d’apaiser ses craintes. Mais elle n’a pas l’air tellement apaisée.
— Il dort, dit-elle.
Elle va pour me fermer la porte au nez. Je tends le bras. Elle tente de fermer de force. Naturellement, c’est peine perdue.
— Va-t’en d’ici, peste-t-elle. Tu ne vois pas que tu n’es pas la bienvenue ?
— Pat, dis-je d’un ton conciliant. Les choses ne sont pas ce qu’elles semblent. Elles sont beaucoup plus compliquées. Il faut que je voie Ray parce que je pense qu’il court un grand danger.
— Qu’est-ce que c’est que cette histoire ?
— Je ne peux pas t’expliquer, ce n’est pas facile. Il faut que je lui parle, et tout de suite. (Je plante mon regard dans le sien.) S’il te plaît, n’essaie pas de m’arrêter. Ce ne serait pas une bonne idée.
Sous mon regard hypnotique, sa résolution vacille. Je bouge pour augmenter la pression, mais ce n’est plus nécessaire. À l’étage, j’entends Ray sauter du lit. J’attends quelques secondes, puis appelle :
— Ray !
Je l’entends presser le pas. Pat aussi l’entend.
— Il est à moi, murmure-t-elle pendant que nous attendons qu’il descende.
Elle fait triste mine, apparemment déjà battue. Instinctivement, elle sait que j’ai un pouvoir qu’elle n’a pas, un pouvoir qui va au-delà de ma beauté. L’amour qu’elle éprouve pour ce garçon est vraiment sincère, je vois ça, ce qui est rare chez une fille de son âge.
— Garde espoir, dis-je en toute franchise.
Ray fait son apparition, en pantalon de survêtement et torse nu.
— Qu’est-ce qui se passe ? demande-t-il.
— Des tas de choses. Il faut que je te parle, seul. (Je lance un regard à Pat.) S’il n’y a pas d’objection ?
Elle a les yeux mouillés. Elle baisse la tête.
— Je peux m’en aller, marmotte-t-elle.
Ray pose une main sur son épaule.
— Non, lui dit-il. (Il me décoche un regard tranchant. Il faut que j’y aille prudemment.) Dis-moi ce que c’est.
— C’est en rapport avec ton père.
Là, il est inquiet.
— Qu’y a-t-il ?
Je m’obstine.
— Je dois te parler seule à seul. (J’ajoute, à l’adresse de la petite amie :) Je suis désolée, Pat.
Il lui passe la main dans le dos et lui dit :
— Monte te coucher. Je te rejoins dans quelques minutes.
Pat secoue la tête. Au moment de nous laisser, elle me lance un regard et marmonne :
— Ça m’étonnerait.
Dès que nous sommes seuls, Ray me demande de m’expliquer.
— Tu m’avais promis de ne pas lui faire de peine, dit-il.
— Il fallait absolument que je vienne. Je n’ai pas été tout à fait honnête avec toi, Ray. Je pense que tu t’en doutes.
— Oui. Tu as trafiqué le fichier sur l’ordinateur de mon père.
— Comment le sais-tu ?
— Quand j’ai allumé l’ordinateur, j’ai noté la taille du fichier. C’était un gros fichier. À mon retour, presque tout avait été effacé.
Je hoche la tête.
— Ce fichier concernait ma personne. Ton père enquêtait sur moi. Il avait été engagé à cet effet par certaines personnes, un homme en particulier. Cet homme est dangereux. Cette nuit, il a envoyé des types pour m’enlever. J’ai réussi à m’enfuir. J’ai des raisons de croire que tu pourrais être son prochain gibier.
— Pourquoi moi ?
— Parce qu’il sait que tu es mon ami. Je crois qu’il m’observe jour et nuit. En outre, même si cet homme a engagé ton père, ton père lui a faussé compagnie et pas dans les meilleurs termes.
— Comment sais-tu cela ?
— Les types qui sont venus m’enlever cette nuit me l’ont dit.
— Que veux-tu dire, t’enlever ? Ils étaient armés ?
— Oui.
— En ce cas, comment as-tu fait pour leur échapper ?
— Ils ont commis une erreur, et je suis une personne pleine de ressources. Mais je n’ai pas envie d’entrer dans les détails maintenant. L’important, c’est que tu viennes avec moi, tout de suite.
— Je ne vais nulle part tant que tu ne me dis pas où est mon père.
— Je ne peux pas.
— Tu l’ignores ?
J’hésite avant de répondre. Il ne m’est pas facile de mentir à ceux que j’aime.
— Non.
Ray se méfie. Son sens de la vérité, et donc du mensonge, est remarquable.
— Penses-tu que mon père soit en danger ?
— Oui.
Dans ce mot, c’est la vérité qu’il entend.
— On devrait appeler la police, propose-t-il.
— Non (Je lui prends le bras.) La police ne peut rien pour nous. Il faut que tu viennes avec moi. Aie confiance en moi, Ray. Je pourrai t’en dire plus une fois que nous serons chez moi.
— Que ferons-nous chez toi que nous ne puissions faire ici ?
— Tu verras, dis-je.
Ray consent à m’accompagner. Il monte dire au revoir à Pat. Je l’entends pleurer, et songe qu’elle pourrait bien répandre un torrent de larmes dans les prochains jours. Si je me trompais. Si je conduisais Ray tout droit au danger, au lieu de l’en éloigner. Je scrute la rue dans les deux sens, mais ne remarque rien. Pourtant, j’ai la sensation d’un regard posé sur moi, un regard aussi puissant que le mien. Je me demande si je ne suis pas passée chercher Ray parce que j’ai peur.
Peur peut-être de mourir seule.
Il réapparaît au bout de quelques minutes, habillé. Nous allons à ma voiture. C’est la première fois qu’il la voit, et il est très surpris que j’aie une Ferrari. On roule vers ma résidence, ce qui ne manque pas de l’étonner puisque ce n’est pas le même chemin que la fois d’avant. Je lui explique que j’ai deux maisons.
— Je suis très riche, j’ajoute.
— Est-ce là une des raisons pour lesquelles mon père enquêtait sur toi ?
— Oui. Indirectement.
— As-tu parlé à mon père ?
— Oui.
— Quand ?
— Il y a deux jours et demi.
— Où ça ?
— À son bureau.
Ray est contrarié d’apprendre cela.
— Tu ne m’en as rien dit. Pourquoi lui as-tu parlé ?
— C’est lui qui m’a convoquée à son bureau.
— Pourquoi cela ?
Je dois me montrer plus prudente que jamais.
— Il voulait me dire que j’étais l’objet d’une enquête.
— Il voulait t’avertir ?
— Je crois. Mais…
— Quoi ?
— Il ne comprenait pas très bien qui l’avait engagé. Le genre du type.
— Mais toi, tu connais cet homme ?
— Oui. D’il y a longtemps.
— Quel est son nom ?
— Il change souvent de nom.
— Comme toi ? demande Ray.
Ce garçon est plein de surprises. J’avance la main et lui touche la jambe.
— Tu es inquiet pour ton père. Je comprends. S’il te plaît, essaie de ne pas me juger trop sévèrement.
— Tu n’es pas absolument franche avec moi.
— Je te dis ce que je peux.
— Quand tu dis que mon père est en danger, que veux-tu dire exactement ? Cet homme aurait-il l’intention de le tuer ?
— Il a tué par le passé.
L’espace dans la voiture semble tout à coup s’être rétréci. Derrière mes mots, Ray discerne quelque chose de plus.
— Mon père est-il déjà mort ? demande-t-il à mi-voix.
Je dois mentir, je n’ai pas le choix.
— Je ne sais pas, dis-je.
Nous arrivons chez moi. Personne n’est venu pendant mon absence, je vois ça. J’active le système de sécurité. C’est le plus sophistiqué qu’on puisse trouver sur le marché. Chaque fil de chaque tronçon de clôture autour de la maison est à présent électrifié sous forte tension. Des détecteurs de mouvement, des rayons laser, un radar balaient le périmètre. Je sais pourtant que ce n’est pas ça qui va arrêter Yaksha une seconde s’il décide de venir me chercher. Sa force et sa vélocité sont à tout le moins le double des miennes. En réalité, je crois qu’il est beaucoup plus puissant que cela.
Ray se promène autour de la maison, embrassant le panorama. Il s’arrête, regarde vers l’océan. Une lune à son déclin, une demi-lune, est suspendue au-dessus de l’immense ténèbre liquide. Nous sommes face à l’ouest, mais derrière nous, à l’est, je sens l’aube prête à poindre.
— Bon, et maintenant ? demande Ray.
— Que veux-tu faire maintenant ?
Il se plante en face de moi et dit :
— Tu attends que ce type vienne ici.
— Peut-être. Il se pourrait qu’il vienne.
— Tu as parlé de prendre une arme ? As-tu des pistolets ici ?
— Oui. Mais je ne vais pas t’en donner. Ça ne servirait à rien.
— Serais-tu une sorte d’expert en pistolets ?
— Oui.
Il est exaspéré.
— Mais qui donc es-tu, Sita ? Si tant est que ce soit ton vrai nom.
— C’est mon vrai nom. Peu de gens le connaissent. C’est le nom que m’a donné mon père. Le type dont je parle, c’est celui qui a assassiné mon père.
— Pourquoi n’appelle-t-on pas la police ?
— Cet homme est très puissant. Il a des ressources presque illimitées. La police serait incapable de l’arrêter s’il a l’intention de nous faire du mal.
— Alors, toi, comment vas-tu l’arrêter ?
— Je ne sais pas si je peux.
— En ce cas, pourquoi sommes-nous ici ? Pourquoi ne remontons-nous pas dans la voiture, et bye-bye ?
Sa question est intéressante ; elle a une certaine logique. C’est une option que j’ai envisagée depuis que je me suis débarrassée de Slim. Mais je ne pense pas pouvoir réussir à semer Yaksha ; impossible dès lors qu’il m’a dans son collimateur, ce qui est manifestement le cas. Je n’aime pas remettre à plus tard l’inévitable.
— Tu peux t’en aller si tu veux, je propose. Tu peux prendre ma voiture et rentrer chez toi. Ou alors tu peux prendre ma voiture et rouler jusqu’à Los Angeles. Ce pourrait être la meilleure chose à faire pour toi. C’est un fait certain, tant que tu es ici, tu cours un très grand danger.
— En ce cas, pourquoi m’as-tu amené ici ?
Je lui tourne le dos.
— J’ignore pourquoi. Mais je crois… je ne sais pas.
— Quoi donc ?
— Cet homme – Yaksha, c’est son vrai nom – il sait que tu es mon ami. Tu fais partie intégrante de l’équation dont je suis l’élément principal… en tout cas dans son esprit.
— Que veux-tu dire ?
Je me retourne vers lui.
— Il m’épie depuis le moment où j’ai vu ton père, j’en suis certaine. Cependant, il n’est pas venu me chercher en personne. Oh, certes, il a envoyé ses hommes après moi, mais ce n’est pas la même chose, ni pour lui ni pour moi.
— Tu crois que je te fournis quelque protection ?
— Pas exactement. Je crois surtout qu’il s’intéresse à la relation que j’ai avec toi.
— Pourquoi ?
— Je ne me fais pas facilement des amis. Ça au moins, il le sait.
Ray pousse un soupir.
— Je ne sais même pas moi-même si je suis ton ami.
Sa remarque me blesse, plus que la balle que j’ai reçue dans les fesses cette nuit. Je tends la main et lui effleure le visage. Un si beau visage, qui me rappelle tellement celui de Rama, même s’ils ne se ressemblent pas tant que ça. Dans leur essence, ils sont semblables. Peut-être Krishna avait-il raison. Peut-être leurs âmes sont-elles les mêmes, si tant est qu’il existe une telle chose. Pour ma part, je doute d’en avoir une.
— J’ai plus d’attachement pour toi que je n’en ai eu pour qui que ce soit depuis bien longtemps. Je suis beaucoup plus âgée qu’il ne paraît. J’ai été plus seule que j’ai voulu me l’avouer. Mais quand j’ai fait ta connaissance, cette solitude a tout à coup moins pesé. Je suis ton amie, Ray, même si tu ne veux pas être le mien.
Il me dévisage, comme si lui aussi me reconnaissait, puis il baisse la tête pour poser un baiser sur la main qui le caresse. Ce qu’il dit alors me parvient comme de très loin.
— Parfois je te regarde et tu n’as pas l’air humaine.
— Oui.
— Tu es comme un objet taillé dans le verre.
— Oui.
— Un objet ancien mais toujours nouveau.
— Oui.
— Tu as dit que tu étais un vampire.
— Oui.
Mais il ne me demande pas si je suis un vampire. Il s’en garde bien. Il sait que je lui dirais la vérité, et il ne veut pas l’entendre. Il embrasse à nouveau ma main, et je me penche pour cueillir ses lèvres. Un long et profond baiser ; cette fois, il ne suffoque pas, et je suis bien contente. Il me désire, je le sens, et j’en suis particulièrement ravie.
J’allume une belle flambée dans la cheminée du salon, avec plusieurs bûches empilées en un grand tas. Devant l’âtre, il y a un petit tapis de l’ancienne Perse posé sur la moquette ; c’est là où je dors parfois, quand le soleil est haut. J’apporte des couvertures et des oreillers. Nous nous déshabillons lentement. Ray caresse mon corps ; je l’embrasse. Puis nous nous étendons, et c’est l’émerveillement, autant pour moi que pour lui. Je prends garde à ne pas le blesser.
Plus tard, quand il est endormi, je vais chercher une arme automatique dans la mansarde. J’enclenche soigneusement le chargeur, en m’assurant que toutes les parties sont bien huilées, prêtes à l’emploi. Puis je retourne m’allonger à côté de Ray et place l’arme sous l’oreiller. Le garçon est épuisé ; tout en lui caressant le front, je lui murmure des mots qui auront l’effet de le faire dormir toute la journée. J’ai dans l’idée que Yaksha ne viendra pas avant la nuit prochaine : une autre nuit pour un autre massacre. Ce serait bien dans sa manière. Je sais fort bien que ce n’est pas le revolver qui va l’arrêter. Je n’ai que la promesse que m’a faite Krishna de me protéger. Mais que vaut la promesse d’un dieu dont je ne sais même pas si je crois en lui ?
Cependant, une chose est sûre. Si Krishna n’était pas Dieu, il était l’humain le plus extraordinaire qui ait jamais vécu. Encore plus puissant que tous les vampires réunis. Je pense à lui alors que je suis couchée auprès de Ray, et je me pose des questions sur les sentiments que je crois éprouver pour ce garçon. S’il ne s’agirait pas seulement d’un désir nostalgique du visage de Krishna, ce visage qui se cache derrière celui de ce garçon. Je me rappelle très bien le visage de Krishna. C’est un visage qu’il serait impossible d’oublier même après cinq mille ans.